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Sous-représentées médiatiquement

Selon Handmeier et Klöti, les médias seraient le pont entre le monde politique et la population, ils « contribuent aussi largement à détourner la manière dont nous percevons ce que nous croyons être la réalité ».

En effet, les médias étant le premier vecteur communicationnel de notre société, leur pouvoir est immense sur l’opinion publique et donc sur les décisions de vote.

Les médias, l’opinion publique et les politiciens hommes s’inter-influencent :

les politiciens par effet Rosenthal tentent de se conformer aux attentes des médias et de l’opinion en se créant une image sur mesure. Comme ils sont surmédiatisés, cette image formatée est légitimée. Parallèlement, ils gardent leurs privilèges en écartant les femmes des grands événements médiatiques. De la sorte, ils maintiennent leur popularité médiatique.

-l‘opinion publique, basée sur des construits sociaux de genre teintés de sexisme, inspire médias et politiciens.

-les médias renforcent les stéréotypes sexistes envers politiciennes par certains de leurs articles et unes de journaux. Et comme si cela ne suffisait pas, ils laissent aux candidats hommes les grands interviews médiatiques (ne vous étonnez pas de voir souvent des pages avec uniquement des hommes candidats dans les journaux suisses). Selon Sylvie Pionchon, Doctoresse en sciences politique, chargée de la mission départementale aux droits des femmes et à l’égalité dans le département de l’Oise, « les remarques misogynes sont aussi présentes dans le champ politique que dans les médias. »

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Le nombre de candidates élues et le vote à la proportionnelle

Le vote à la proportionnelle, comme c’est le cas pour le conseil national, serait le vote qui permettrait aux femmes d’obtenir le plus de sièges, contrairement au conseil des Etats qui offre peu de sièges.

Fonctionnement à l’interne des partis

Selon Sylvie Pionchon, à l’interne des partis, « les règles sont faites par des hommes » qui contrôlent les mécanismes du parti, les comités, qui influencent le refus des candidates femmes au profit de leurs homologues masculins, et ce, souvent pour des compétences égales. Entre politiciens masculins on se serre les coudes, car on sait qu’on se renverra l’ascenseur au prochain tour électoral.
Et oui, les hommes s’épaulent souvent entre eux, en petits clans, car l’union fait la force et ils l’ont compris. Pas besoin de groupes femmes : ils s’organisent en petits groupes afin de gagner. Ils peuvent ainsi s’élire facilement entre eux. De plus, étant majoritaires dans les comités décisionnels (souvent hermétiques et « élitistes » ), si des candidates sont refusées, à compétences et expérience égales pour leurs homologues masculins, ils peuvent justifier le manque de femmes candidates officielles, par le fait que les femmes ne s’intéressent pas à la politique, qu’elles ont assez à faire avec leurs enfants et le ménage.

D’ailleurs des études soutiennent que les groupes restreints tels que les comités décisionnel en matière de candidature choisissent les candidat-e-s en fonction de leurs affinités et leur réseau et non de manière objective.

Enfin, toujours selon Sylvie Pionchon,  » si les hommes s’opposent à l’ouverture du jeu politique des femmes, c’est pour continuer de s’y retrouver entre mêmes et à en retirer les privilèges auxquels ils sont habitués…à commenter par les plaisanteries grivoises et sexistes qui alimentent si souvent les conversations.  » Cette citation ne peut choquer personne, puisque bien que ce soie un sujet tabou, ce type d’attitude est régulièrement dénoncé par les politiciennes. C’est pourquoi il est important d’instaurer le marrainage et des groupes femmes : afin que les politiciennes puissent avoir un endroit neutre et solidaire qui les soutiennent quand des propos sexistes explosent à leur sujet sur la toile, le journal ou à l’interne.

Mais je le répète : sans solidarité féminine sincère , même interparti, les femmes ne transperceront pas le plafond et les parois de verre politique.

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Recommandations pour les candidates :

soutenir les candidatures féminines au niveau du comité et des médias. A savoir que rien ne sert de mettre des femmes en liste de manière paritaire si seuls leurs homologues masculins ont le droit aux émissions et conférences à forte audience.

-les femmes parlementaires doivent mettre la pression sur les partis lors des élections à l’interne

-affirmer sa présence et exiger un égalité de traitement médiatique durant les élections, après ce sera trop tard.

Conseils de CFQF aux médias :

-ne pas utiliser de stéréotypes

ne pas discriminer les politiciennes en surmédiatisant la gente masculine au détriment des femmes

-véhiculer une image positive de la femme

-les interviews des candidates doivent concerner tous les domaines telles que la finance et l’économie

-durant les périodes électorales, offrir le même temps de parole à tous les candidats.

-favoriser un message d’égalité et de partenariat hommes-femmes au lieu de cliver

ne pas usiter de langage déplacé

Quotas or not quotas ?

Il existe plusieurs sortes de quotas pour les candidates au niveau international :

-les quotas de listes : nombre minimal de candidates par liste
-les quotas de résultats ou de sièges : un nombre de sièges est déterminé pour les femmes. En France, les quotas sont appliqués pour 50-50.

Les avantages :

-les quotas ont une fonction compensatoire contre le plafond et les parois de verre présents dans les sphères politiques. Ils servent en outre de garde-fous contre la discrimination.

la démocratie se trouve renforcée quand on représente équitablement toute la population

-le fait que 80% des sièges soient offerts aux candidats est tout simplement non éthique, injuste et inacceptable

Arguments contre les quotas :

-ce serait contraire à l’égalité des chances…
-les politiciennes doivent être élues pour leurs compétences uniquement
-d’autres groupes risquent de demander des quotas, comme les handicapé-e-s

Sur le terrain, on ne peut que constater de l’efficacité de cette mesure, comme c’est le cas au Rwanda, au Costa Rica, au Mozambique et en Afrique du Sud.

Aussi, en ce qui concerne les quotas de la liste volontaire, les résultats sont d’autant plus significatifs avec une alternance homme-femme, cela va de soi.

Conseils pour les partis :

-inscrire le statut d’égalité dans les statuts
-créer des groupes femmes afin de mieux se faire entendre
former les candidates, comme c’est le cas dans de nombreux cantons suisses
mentorat, marrainage. Le CFQF a mis en place un programme de mentorat. Attention cependant à ne pas se focaliser que sur un groupe de privilégiées : proposer le mentorat à toutes les candidates. En effet, ne marrainer que certaines candidates au détriment d’autres consisterait à reproduire la discrimination et l’exclusion.
-s’approcher des Lobby féminins. En Suisse, on trouve l’Association La Veille des Femmes, la FemCo, les Femmes en colère, le CLAF

Schaffter Coralie

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Sources :
-WE DO Primer : Women in Government 2
Danlehup Drupe, Increasing Women’s Political Representation : News Trends in Gender Quotas, in Women in Parliament : Beyond Numbers, www.idea.int
Miriam Ganzfried, Le genre comme ressource politique en Suisse, 2009, Master en Etudes Genre
-Hardmeier et Klöti 2004, Paoletti 2004
-Tremblay et Belanger 1997, Iyengar et al. 1997, Parini 2003, Dolong et al. 2003, Gourtant 2007
Sylvie Pionchon, Grégory Derville, Les femmes et la politique, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, coll. Le politique en plus, 2004

La femme invisible. Sur l’imaginaire du pouvoir politique, G. Dervile et Sylvie Pionchon.

Geneviève Vinsonneau, L’identité des Françaises face au sexe masculin : perspectives cognitives et expérimentales, L’Harmattan, Paris, 1997

P.Marchand, Psychologie sociale des médias, PUR, Rennes, 2004